Lorsque le Marocain Tahar Benjelloun obtint le prix Goncourt en 1987 pour son roman La Nuit sacrée, le Maroc officiel et la société intellectuelle saluèrent un enfant du pays qui avait su porter la voix des siens au-delà des limites du Royaume.
Il est vrai que ce pays, membre de la Francophonie, a une relation moins hystérique que son voisin de l’Est avec la langue française et que les émigrés et binationaux y sont accueillis les bras ouverts sur la terre de leurs aïeux.
Pour l’instant, la plupart des commentaires concernant la consécration de l’écrivain algérien le renvoient à son statut de scribe récompensé par l’ennemi éternel de son pays. Un peu comme l’écrivaine Hedia Bensahli, auteure de L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu, est clouée au pilori en tant qu’agent sioniste qui aurait publié un ouvrage « pour saluer les massacres de Gaza » alors que le livre est sorti avant même l’attaque du 7 octobre 2023.
Le drame est que les commanditaires de ces invectives se bousculent auprès des autorités consulaires françaises pour un visa ou une inscription au lycée français d’Alger.