Ceux qui connaissent le personnage peuvent être surpris d’apprendre que l’islamiste Bengrina est en fait le personnage algérien qui décide de la vie culturelle algérienne. C’est un de ses adeptes qui somma le ministère de la Culture d’interdire les activités des maisons d’édition qui ne cadrent pas avec ses conceptions de la littérature et ce sont encore ses manœuvres qui sont à l’origine des interventions des services de la sûreté nationale contre les cafés littéraires en Kabylie. Ce sont également les pressions menées par ses sbires parallèlement au droit et, en l’occurrence, en violation de la loi, qui ont conduit à l’élimination du SILA des éditions Frantz Fanon et Koukou.
Bengrina et ses nervis viennent d’obtenir une autre victoire. Maintenant les éditeurs n’obtiendront plus d’ISBN (autorisation de la Bibliothèque nationale nécessaire à l’impression d’un livre) en amont, comme cela était le cas jusque-là, mais uniquement après lecture des manuscrits par la commission de censure. Désormais, l’imprimatur régente l’édition algérienne.
Le SILA 2024 contre lequel Bengrina a mobilisé ses ouailles est un moment de bascule. Les auteurs algériens, dont le Goncourt Kamel Daoud, furent interdits de participation. À l’inverse, le grenouillard islamiste, que même feu Mahfoud Nahnah trouvait trop zélé quand il militait au MSP au point de l’avoir marginalisé, a demandé aux enseignants d’inciter les élèves à affluer au stand où un auteur saoudien, inconnu dans son pays, présentait un opus traitant de magie et de sorcellerie !
Bengrina s’est vanté d’avoir réussi cette opération de communication où il assure avoir démontré que les jeunes se détournent des écrivains francophones algériens pour soutenir des auteurs moyen-orientaux dont lui et ses militants assument de dire qu’ils sont plus légitimes en Algérie que « les agents de la France ».
Comment cet activiste connu comme agent utilisé par les services spéciaux algériens pour infiltrer les mouvements islamistes a-t-il pu devenir l’élément clé qui a été choisi pour annoncer la candidature de Tebboune au dernier scrutin présidentiel ? C’est là un mystère de la vie politique algérienne dont peu d’observateurs expliquent les raisons. Par contre, les effets de cette promotion sont tangibles. La vie culturelle est dictée par les islamistes.