Plusieurs internautes se sont émus ou agacés de ce que l’on ait consacré un article au pouvoir de Bengrina dont ils estimaient qu’il ne représente rien et que d’en parler revenait à lui faire de la publicité. Attitude classique de ceux veulent se rassurer à bon compte et de ne pas avoir à se mobiliser. Le déni est une bonne manière de ne pas perturber sa zone de confort.
Voici une autre information qui va encore irriter les partisans du tout va bien madame la marquise. Hachemi Djaboub, mentor de Bengrina et ancien ministre, vient de se vanter d’avoir mis au chômage technique Boualem Sansal qui était cadre au ministère de l’industrie. Motif de la colère du pandore islamiste : Sansal mangeait dans son bureau pendant le ramadan ! Djaboub demanda une sanction au premier ministre d’alors dont il déplore l’indifférence coupable avec un lourd sous-entendu. Ahmed Ouyahia, puisque c’est de lui dont il s’agit, aurait fait la sourde oreille car il était kabyle. Qu’à cela ne tienne : Djaboub décida de faire dissoudre le service que dirigeait pourtant Sansal de façon irréprochable. Au diable la neutralité et l’efficacité de l’administration.
Aujourd’hui, Djaboub qui écume les plateaux de télévision pour délivrer ses imprécations contre les traitres et les vendus à la France n’a pas de responsabilité exécutive. Ses menaces, et suggestions ne tardent pas à se traduire en actes dans des administrations où il n’exerce aucune fonction. Il n’est pas inutile de rappeler ici que l’ancienne ministre de l’éducation, madame Belghebrit, fut victime des agissements des ouailles de Taleb Ibrahimi dont les islamistes, notamment ceux du HMS, réussissaient à enterrer dans les couloirs du ministère ses instructions sans même avoir à engager de grève ou tout autre action de contestation ouverte.
Taleb Ahmed Ibrahimi a pris le temps pour construire son Etat profond, une machine informelle mais redoutablement efficace, qui pèse lourdement sur le fonctionnement des institutions. Combien de gens savent que le 16 avril, Youm el Ilm journée dédiée aux Oulémas dont son père fut le dirigeant après Ben Badis, est célébré dans tout le système éducatif sans aucun texte officiel ? Belaid Abdeslam a rapporté dans son ouvrage
Chroniques et réflexions inédites sur des thèmes sur un passé pas très lointain* comment Taleb a progressivement installés dans les divers rouages de l’éducation nationale et, plus tard, de la culture, les agents oulémistes jusqu’à coloniser l’ensemble des principaux rouages des ministères qu’il a occupés. Il suffit par la suite de les actionner pour créer des pressions sourdes et obtenir des actes politiques ou symboliques qui marquent la vie de la nation tout en impressionnant fonctionnaires et opinion publique. C’est, entre autres, la mission dévolue à la scandaleuse « badissiya novembriya » qui est une hérésie politique puisque les Oulemas de Ben Badis s’étaient officiellement opposés au déclenchement de la révolution du premier novembre. Il n’empêche, ce groupe fonctionnant en secte, lance des slogans que les ministres se doivent de mettre en œuvre sous peine de voir leurs décisions contestées et, si nécessaire, leurs déplacements subir les foudres de guerre des pasdarans de Bengrina et consort. Ainsi marche l’Algérie nouvelle.
*Chroniques et réflexions inédites sur des thèmes sur un passé pas très lointain, publié en 2017 aux Editions Dar Khettab