Algérie : Pour le Rassemblement des Démocrates !

Quelques jours après la publication de notre article sur la situation du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, une évolution notable semble se dessiner. L’actuelle direction du RCD appelle à une réunification des rangs du parti, avec pour ambition plus large, la volonté de rassembler le courant démocratique, particulièrement les défenseurs de la laïcité. Cette prise de conscience face à la fragmentation des démocrates et aux dangers qu’elle engendre, tant individuellement que collectivement, représente un premier pas positif.

Cependant, tout le monde s’accorde à dire qu’il demeure crucial d’identifier les fractures internes et les tensions ayant mené à cette division. La réussite de cette initiative dépendra également des figures capables de réconcilier anciens et nouveaux militants, tout en ouvrant le parti à toutes les sensibilités progressistes.

Dans ce contexte, Yassine Aissiouane, ancien député démissionnaire et cadre du RCD, aujourd’hui élu à l’APW de Tizi-Ouzou et leader du mouvement Assirem, a salué cette initiative dans une publication sur son compte Facebook qui a rencontré un large écho chez les internautes ; signe que le sujet intéresse au-delà des milieux partisans. Toutefois, il a posé des conditions qu’il juge essentielles pour son succès. Aissiouane soulève plusieurs questions fondamentales :

• «  Comment en sommes-nous arrivés là ?
• À quel moment avons-nous manqué de vigilance collective ?
• Pourquoi avons-nous toléré un reniement stratégique qui a choqué l’ensemble des Algériens démocrates ?
• Comment le parti a-t-il pu se retrouver avec des individus ayant revendiqué l’assassinat de ses propres militants ?
• Où sont passées les archives écrites et audiovisuelles du RCD, véritables trésors de l’opposition démocratique ?« 

A propos d’archives, d’autres questions peuvent s’ajouter à celle que soulève Yassine Aissiouane. Algérie Express, titre proche du RCD, fut souvent cité par des médias étrangers. Ameslay et El Qalam ont aussi contribué à enrichir la scène journalistique algérienne. Ces organes ont aussi été mystérieusement retirés du site du parti. Pourquoi et au profit de qui ?

Aissiouane estime que ces interrogations reflètent les préoccupations majeures des démocrates algériens d’aujourd’hui. Sans leur éclaircissement sincère et exhaustif, cette initiative pourrait perdre toute crédibilité et, avec elle, le lien de confiance entre le parti et les citoyens — ce lien précieux bâti par la génération des années 1980, souligne-t-il. Y répondre sincèrement c’est récupérer un patrimoine inestimable et ouvrir la voie à la construction d’une force politique indestructible. Au contraire, refuser de parler publiquement et complètement de ces détournements serait un signe de complicité avec ceux qui les ont commis car cela voudrait dire qu’ils s’opposeraient, eux aussi, à la récupération d’un bien collectif qui appartient à tous les démocrates, estime l’ancien député. Il avertit qu’une pareille fuite les condamnerait devant l’opinion publique et ruinerait tout espoir de rassemblement démocratique.

Rien ne permet d’envisager une pareille prise de risque même si, pour l’instant, la direction du RCD n’a pas réagi.

Il est essentiel de rappeler à tous les acteurs impliqués dans ce cheminement la responsabilité historique qui leur incombe. Si cette initiative aboutit, elle pourrait non seulement revitaliser le RCD, mais également renforcer l’ensemble du mouvement démocratique en Algérie. En revanche, un échec enterrerait à la fois cette tentative et ses instigateurs, tout en menaçant de disqualifier pour longtemps la mouvance républicaine dans le pays.

Les prochains jours ou semaines annoncent des évolutions qui peuvent être décisives pour le camp progressiste. Wait and see.

K.S.