ALGERIE : LES ÉDITIONS FRANTZ FANON SOUS SCELLÉS

Après la célèbre librairie Cheikh, abusivement frappée par des scellés qui furent levés trois jours plus tard suite à la protestation de courageux élus de l’APW de Tizi Ouzou, c’est une violation du droit encore plus grave qui vient de s’abattre sur les Éditions Frantz Fanon, basées à Boumerdès.

Les clients qui se rendent au siège de cette entreprise tombent sur un scellé de la wilaya apposé sur la porte depuis le 14 janvier 2025. On peut lire que cette maison est frappée de fermeture pour une période de six mois pour « édition d’un livre dont le contenu porte atteinte à la sécurité et à l’ordre public ainsi qu’à l’identité nationale et colporte un discours de haine. »*

Problème, le responsable de cette entreprise est déjà mis sous contrôle judiciaire pour les mêmes motifs. Un principe de droit universel interdit de poursuivre ou de sanctionner deux fois la même personne (physique ou morale) pour un même motif. Par ailleurs, la loi algérienne stipule que seule la justice peut statuer sur le contenu d’un livre. L’article 118 du code pénal précise même qu’aucune autorité administrative n’a le droit d’empiéter sur une affaire qui relève de la justice. À cela s’ajoute le fait qu’en prenant cette décision, la wali(e) de Boumerdès interfère dans une affaire judiciaire en cours d’instruction.

C’est donc une violation multiple de la loi qui a été commise par la wilaya de Boumerdes.

Particulièrement dynamiques, les Éditions Frantz Fanon sont présentes dans les foires internationales du livre pour faire connaître les nouveaux auteurs algériens. Cette entreprise familiale revendique, en à peine dix ans, un catalogue de plus de 150 titres et représente une belle promesse pour nombre d’écrivains. Ce succès est d’autant plus méritoire que les Éditions Frantz Fanon publient des plumes audacieuses qui ne trouvent pas toujours d’autres supports pour se faire connaître.

C’est peut-être ce succès qui est à l’origine d’une sanction aussi incompréhensible qu’illégale. Les élus de la wilaya de Boumerdès seront-ils inspirés par leurs collègues de Tizi-Ouzou, qui ont acculé le wali à lever les scellés de la librairie Cheikh ?

* Il s’agit du livre de Hédia Bensahli, L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu.

Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *