Affaire Belghit : non-dits et réalités

C’est par des images montrant des bédouins miséreux que la télévision algérienne illustra les Émirats arabes unis auxquels elle impute la sortie de route du charlatan de l’histoire algérienne Mohamed Belghit, mis sous mandat de dépôt après des propos insultants et historiquement faux. Pour valoriser la profondeur de la réalité algérienne, Alger présenta des monuments de l’antiquité romaine et des bâtiments de l’époque coloniale. Deux périodes que le système en place n’a eu de cesse d’occulter depuis l’indépendance.

Mais passons sur la schizophrénie identitaire pour aller au fond de cette énième affaire concernant la question nationale en suspens depuis le début du mouvement national. Les téléspectateurs de bonne foi qui ont vu l’émission diffusée par la chaine émiratie n’ont rien trouvé à redire sur l’entretien dont on apprendra d’ailleurs qu’il était conduit par une journaliste algérienne. L’animatrice s’étonnait légitimement du fait qu’un homme se présentant comme historien ait amputé de façon aussi audacieuse la dimension la plus essentielle de la personnalité algérienne. Ce à quoi l’universitaire inculte répondit que l’amazighité est une création franco-sioniste. Reprenant ainsi les lubies islamo-baathistes remises au gout du jour depuis quelques années. On ne voit pas pourquoi la télévision émiratie et encore moins le pouvoir d’Abu Dhabi a été la cible de cette polémique. Le fait est que même ceux qui se présentent comme des acteurs de la société civile ont relayé la thèse du complot visant la nation algérienne. Si l’indignité des termes utilisés par Belghit est incontestable, le professionnalisme de la journaliste ne prête à aucune remarque. Ceci d’une part. Mais il y a autre chose. Ce n’est pas la première fois que l’hurluberlu douctour Belghit s’affranchit de toute retenue morale ou déontologique pour pourfendre la langue et la culture amazighes dont il assure tour à tour qu’elle n’existe pas ou qu’elle est inventée par les ennemis de la nation algérienne qu’il définit comme une pureté arabe. Alors pourquoi le pouvoir a-t-il réagi maintenant ? Parce que les Emirats alliés de l’Arabie saoudite et de l’Egypte sont les ennemis jurés des Frères musulmans menés par la Turquie et le Qatar avec lesquels Alger a scellé, via le MSP et ses satellites, une alliance stratégique. Le dérapage a dérangé non pas par son contenu mais à cause du site où il a été commis.

Il reste à savoir si la présidence algérienne peut tenir longtemps face à la pression nationale et internationale des Frères musulmans.

A suivre…

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