Un faux historien récemment appréhendé relance le vieux débat sur l’identité nationale en niant une vérité essentielle : l’amazighité. Mais il ne fait, au fond, que transmettre le poison idéologique injecté par les pouvoirs successifs depuis l’indépendance, obsédés par une identité nationale uniformisée autour de l’arabité.
Depuis des décennies, les élites formées à ce moule méprisent l’héritage berbère, reléguant ses défenseurs à la marge, parfois derrière les barreaux. Et pendant que certains partis réclament aujourd’hui la libération de ce provocateur, ils n’ont jamais eu un mot pour une figure lumineuse et courageuse comme celle de Boualem Sansal, qui, lui, croupit en prison pour avoir osé dire la vérité.
Bien avant l’indépendance, le mouvement national était déjà fracturé sur la place de la dimension berbère. La répression des militants berbéristes dans les années 1980 en fut une autre tragique illustration. Même après que la Constitution a reconnu les trois composantes — amazighité, islamité, arabité —, le débat est resté brûlant.
Ce qu’on oublie dans ce tumulte, c’est une réalité simple : ce peuple a été islamisé par des Arabes, mais il n’a jamais été arabisé. La langue arabe fut le véhicule de la religion, non le tombeau des racines. L’islamité est une ouverture supposément universelle, ne serait-ce que pour ses initiateurs et ses défenseurs, l’arabité, une appartenance ethnique fermée. Adopter une langue religieuse ne signifie pas changer d’âme.
On peut emprisonner les corps, mais l’histoire, elle, échappe toujours à ceux qui veulent la réécrire.
K.B.