Il y a quelques jours, Tazzuri a publié un article soulevant une question simple, mais essentielle, portée par des militants et adressée à l’actuel président du RCD : que devient ce parti qui fut si longtemps la figure de proue du camp démocratique ?
Loin de susciter un débat de fond ou une mise au point salutaire, cette contribution a provoqué, de la part de certains responsables de l’actuel RCD et de leurs soutiens, une réaction aussi brutale qu’éloquente : insultes, invectives, affabulations.
Aucun argument. Aucun éclaircissement. Aucune réponse politique.
A défaut d’idées, c’est l’anathème qui a été brandi. Le silence sur les enjeux de fond s’est accompagné d’une violence verbale révélatrice du délabrement intellectuel de ce qui fut, jadis, un pôle de lucidité et de clairvoyance dans les années sombres. Faut-il y voir une stratégie d’évitement ? Une incapacité à répondre autrement qu’en caricaturant toute critique ? L’emprise de sphères occultes ? Ou plus cruellement, le symptôme d’un vide qui ne dit pas son nom ?
Dans un premier temps, il fait peut-être rappeler que l’injure et l’insulte comme toute délinquance, relèvent des tribunaux, non du débat public ?
En second temps, quand on s’invite dans un débat, on se doit d’être, a minima, informé. Et lorsqu’on soutient un “ami” sans prendre la peine de comprendre ce qui se joue en profondeur – ou simplement parce que cela nous arrange pour solder de vieilles rancunes – on devient, qu’on le veuille ou non, complice d’un naufrage.
Un débat étouffé
Depuis un moment, alors que le pays traverse l’une des périodes les plus staliniennes de son histoire, le besoin de rassembler les forces démocratiques devient une urgence.
Ironie tragique : même le RCD – dont le président se vante publiquement de ses “contacts” avec de hauts gradés et appelle la diaspora à se rapprocher des consulats – se voit aujourd’hui interdit d’organiser une activité à Alger. Curieusement cette interdiction survient au moment où le débat de la compromission avec l’islamisme et la destruction des archives du RCD fait rage alors que ce même parti avait été autorisé à tenir d’autres rencontre à Ouadhias (Tizi Ouzou) ; Sidi Aich (Bejaia)…
Ceux qui auraient dû ouvrir le débat… l’ont étouffé.
Alors qu’il était temps de parler des questions de fond, non pas nécessairement pour se réconcilier, mais pour se reconnaître d’un même camp, celui des démocrates, et œuvrer à un idéal commun, une guérilla virtuelle a pris le dessus.
Entre slogans creux, alignements aveugles et insultes, les échanges ont sombré dans le néant.
Les rares voix critiques, argumentées, ont été traitées de traîtres ou de putschistes !
Quel renversement !
Et que dire de ceux qui, instrumentalisant la situation (comment et pour quels buts ?), y ont réglé leurs comptes personnels sans jamais être recadrés ?
Le paradoxe d’un parti agonisant
Le RCD, aujourd’hui, ce ne sont que des agitations en ligne. Sur le terrain : rien ne marche.
- Un parti qui se dit démocrate mais étouffe toute critique.
- Un parti qui se dit laïque mais qui ne se démarque pas de la feuille de route signée par son ex-président M. Belabbes avec Rachad de Dhina. Mieux dont le dernier responsable vient de rendre hommage aux valeureux militants du FIS sur TQ5.
- Un parti qui se dit rassembleur, mais dont l’initiative de rassemblement a été torpillée… par son propre chargé de communication qui n’est autre qu’un transfuge venu d’un parti créé par Amara Benyounes (qui ne cache pas sa soumission à la police politique) pour torpiller…Le RCD
- Un parti qui se dit de la culture, mais efface ses propres archives.
- Un parti qui se réclame de la continuité de ses aînés, mais fait disparaître toute trace de son fondateur de ses supports officiels.
- Un parti qui s’appelle RCD et qui n’est même plus capable de tenir une ligne de communication cohérente.
Un tel parti ne peut ni rassembler les démocrates ni peser sur la scène politique.
Les nouvelles forces, comme Assirem, organisés par des cadres comme Yassine Aissiouane, ont la responsabilité de reprendre le flambeau du combat démocratique pour perpétuer le projet du RCD.
Tazzuri, une ligne claire
Lorsque nous avons lancé Tazzuri, ce n’était ni pour chercher une place de confort, ni pour pactiser avec la compromission.
C’était pour créer un espace de libre expression, contre vents et marées.
Aujourd’hui, ce n’est certainement pas un parti incapable de rédiger un communiqué cohérent qui viendra nous donner des leçons ou remettre en cause notre ligne.
Nos colonnes restent ouvertes à toutes celles et ceux qui refusent la paresse intellectuelle, et qui souhaitent débattre, sur le fond, sans tabous !
La ruine du RCD est l’une des plus vertigineuses questions qui s’est posée depuis l’ouverture politique de 1989.