Zahia Ziouani, une symphonie de luttes et d’espérances

Zahia Ziouani, une symphonie de luttes et d’espérances

De Pantin à la scène mondiale, en passant par l’Élysée et la clôture des JOs, Zahia Ziouani ne dirige pas que des orchestres : elle mène un combat. Celui de la démocratisation de la musique classique, celui de l’égalité dans un monde culturel longtemps réservé à une élite, masculine, blanche et bourgeoise. Elle, la cheffe d’orchestre née dans une famille algérienne de Seine-Saint-Denis, a appris très tôt que chaque note peut devenir une revendication, chaque symphonie un manifeste.

Dès l’enfance, Zahia baigne dans un univers musical structuré par l’amour des siens : sa sœur Fettouma deviendra violoncelliste, ses parents mélomanes. À huit ans, elle dirige déjà la chorale de son école. Adolescente, elle affine sa formation au lycée Racine, puis à la Sorbonne, où elle se spécialise en analyse musicale, orchestration et musicologie.

Mais c’est en 1998 que sa véritable aventure commence : elle fonde l’Orchestre Divertimento, composé de musiciens issus de la diversité sociale et culturelle du territoire francilien. Son objectif : casser les murs symboliques et sociaux qui séparent la musique savante de ceux qu’on condamne à ne jamais y accéder.

Depuis, elle a dirigé de prestigieuses formations, de l’Orchestre national de Cannes à l’Olympia. En 2019, elle anime une soirée à l’Élysée. Sa phrase lancée à Emmanuel Macron résonne encore :

« Rendre la musique accessible à tous, ça ne va pas changer le monde, mais ça peut changer les gens. »

Et elle sait de quoi elle parle. En participant à la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024, puis en dirigeant l’orchestre lors de la cérémonie de clôture, Zahia s’inscrit dans l’histoire. Elle la réécrit même, dans une langue où les partitions deviennent autant d’actes de résistance.

Le film « Divertimento », inspiré de sa vie et de celle de sa sœur, retrace ce combat commencé dans une cité de Pantin et poursuivi sur les scènes du monde entier, avec, en filigrane, le souvenir tenace de leurs racines algériennes.

Zahia Ziouani est aujourd’hui une figure emblématique de l’inclusion dans le monde musical. Mais plus encore : elle est la preuve que les quartiers ne sont pas des silences, mais des partitions en attente de chef.fe.s.

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