RIMA HASSAN MET BEN MHIDI SUR LE MARCHÉ PUBLICITAIRE

Aucun Algérien n’a encore réagi à l’usage que Rima Hassan, la publiciste de LFI, fait de la guerre de libération nationale algérienne en général, et plus récemment, de Larbi Ben Mhidi.

« Quand ils procéderont à notre arrestation je les regarderai comme Larbi Ben M’Hidi a regardé les colonisateurs de sa terre : sereine, assurée de la libération de la Palestine… », a-t-elle déclaré sur le bateau qui faisait route vers Gaza avant d’être appréhendée par les autorités israéliennes.

Accompagnée de l’écologiste suédoise Greta Thunberg et de quelques activistes, dont des militants pro-Hamas, la députée européenne participait à une croisière voulant ramener des denrées alimentaires sur la bande de Gaza, qui, en vérité, attend davantage la levée du blocus israélien pour acheminer les milliers de tonnes de denrées disponibles à l’entrée de Rafah que quelques paquets de biscuits chargés sur un petit navire.

Mais s’il s’agissait d’une opération symbolique menée par deux jeunes femmes pour attirer un peu plus l’attention sur le drame de Gaza, on aurait apprécié. Or il ne s’agit pas de cela.

Rima Hassan se met en scène avec la tragédie palestinienne et, désormais, elle attente à des repères de la nation algérienne qu’elle implique dans des jeux aussi douteux qu’ambigus. Et là, les Algériens ne peuvent se taire.

Censures et ambiguïtés

La cause palestinienne est évidemment victime d’un gouvernement israélien rendu fou par la haine et le sectarisme. Entendre les Smotrich, les Ben Gvir ou le sursitaire Netanyahou, qui prolonge la guerre au prix que l’on sait pour son salut personnel, est tout simplement insupportable.

Pour autant, le drame palestinien a des problèmes internes qui ne favorisent pas la meilleure exploitation de ses ressources humaines. L’un de ces problèmes s’appelle HAMAS, une organisation islamiste qui a ravagé les compétences palestiniennes opposées à son funeste projet.

Ce qui ne veut pas dire que l’Autorité palestinienne est exempte de reproches. Les commentateurs arabes fulminent en privé contre ce mouvement qui étouffe les populations palestiniennes et sert d’idiot utile aux tendances les plus sectaires d’Israël — mais ils s’interdisent d’en parler ouvertement. L’argument est connu : il ne faut pas évoquer les choses qui fâchent. On lave le linge sale en famille…

Et c’est de cette sinistre mouvance que Rima Hassan se dit le porte-flambeau. Grand bien lui fasse. Mais associer le nom de Mohammed Larbi Ben Mhidi à cette aventure soulève des problèmes politiques et moraux que nul Algérien ne doit laisser passer.

Des rapprochements blessants

Larbi Ben Mhidi avait un an de moins qu’elle lorsqu’il présida, en août 1956, un congrès où il fut déclaré que « la révolution algérienne n’est pas une guerre de religion », et que pour le peuple algérien « il ne s’agissait de restaurer une quelconque théocratie ou monarchie désormais révolues. »

Ben Mhidi, patriote rigoureux et déterminé, était à l’opposé des proclamations expéditives de la fougueuse Rima Hassan, qui guette les caméras comme le chat attend la souris.

Les résolutions du congrès qu’il avait présidé appelaient à une société ouverte à tous les fils d’Algérie, quelle que soit leur origine ou leur confession.

Le fait que des groupes sociaux aient quitté le pays pour des choix contestables en 1962 est de leur fait. Mais Ben Mhidi et ses pairs n’avaient pas l’obsession du rejet et de l’exclusion, comme le proclame sur les plateaux de télévision celle qui accompagne les surenchères du Hamas en criant From the river to the sea, nourrissant un peu plus les appétits gloutons des colons israéliens suprémacistes.

De plus, Ben Mhidi n’aurait pas accepté l’invitation d’un gouvernement liberticide, comme l’a fait Rima Hassan. Et l’on peut, sans risquer de faire injure à la mémoire du glorieux martyr, dire qu’il n’aurait jamais déclaré qu’il se trouvait dans la Mecque des libertés, comme l’a fait Rima Hassan alors qu’elle était accueillie à Alger par un pouvoir qui emprisonne sans jugement des centaines de jeunes de son âge — et qui n’ont pas, eux, la chance de bénéficier de l’immunité parlementaire européenne dont elle use et abuse.

Par ailleurs, Abane et Larbi Ben Mhidi, qui affrontaient une armée qui utilisait le code de l’indigénat, le napalm, et la torture, avaient sévèrement jugé à la Soummam la violence qui avait ciblé des civils européens dans l’insurrection d’août 1955. Ils émirent les mêmes critiques contre la nuit rouge de la Soummam, où furent exterminés deux villages.

Le recours au terrorisme du FLN combattant ne fut pas le choix systématique de Hamas.

Enfin, et c’est là un point capital, le FLN n’a jamais commis le viol.

Alors confondre le FLN de Novembre et de la Soummam avec le Hamas, et associer le nom de Rima Hassan à celui de Ben Mhidi, c’est trahir nos martyrs et insulter les vivants qui croient en ces deux patrimoines politiques et symboliques de notre histoire.

Nos héros avaient de la hauteur de vue et le sens de l’histoire. Libre à madame Rima Hassan d’assouvir ses passions et ses égos. Mais qu’elle ne touche pas à ce qui reste de plus beau et de plus précieux pour les Algériens soucieux de protéger l’honneur de ceux auxquels ils doivent leur liberté — et le peu de dignité qu’il leur reste.

Rima Hassan est l’anti-Larbi Ben Mhidi.

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