Mon ami Boualem Sansal, ce frère d’encre et de lumière, a été injustement condamné le 27 mars dernier à cinq années d’emprisonnement. Cinq années de silence forcé pour celui qui n’a fait que parler haut, clair, debout. Aucun crime n’a été commis, sinon celui — insupportable aux yeux des tyrans — d’avoir vécu en homme libre, d’avoir écrit en homme debout, d’avoir pensé en homme insoumis.
Ce mardi 24 juin, il sera à nouveau traîné devant une cour d’appel aux ordres, après plus de sept mois passés dans l’ombre humide d’une cellule. Sept mois où l’on a tenté d’éteindre la voix d’un écrivain dont chaque mot fait trembler les murs de la servitude. À son âge, cinq ans d’enfermement sont déjà une forme d’assassinat à petit feu. Mais les régimes faibles n’ont que la peur comme méthode, et la censure comme justice.
Qu’ils sachent cependant que cette condamnation, loin de l’affaiblir, l’a élevé encore. Boualem Sansal est désormais entré dans cette lignée rare des écrivains-monde, des consciences qui éclairent les peuples au-delà des frontières et des régimes. Son nom résonne désormais à l’égal d’un Alexandre Soljenitsyne, d’un Vaclav Havel, de tous ceux que l’histoire retient non pour leurs chaînes mais pour la force de leurs mots et la noblesse de leur engagement.
Nous espérons son retour prochain, son visage libre à nouveau parmi les nôtres, son regard d’homme juste tourné vers l’horizon. Et nous le fêterons comme on célèbre une victoire de la vérité sur le mensonge, de la vie sur la peur.
Mais au-delà du temps qu’il lui reste à purger ou pas, Boualem est déjà libre dans nos cœurs. Rien ne pourra jamais emprisonner ce qu’il incarne : le courage, la pensée, la dignité. Nous continuerons, encore et encore, de porter sa voix, de relayer ses écrits, de faire entendre son nom dans chaque lieu où l’on défend la liberté.
Quoi qu’il arrive, nous sommes fiers, éperdument fiers, d’être ses amis, ses compagnons de lutte, les témoins de son courage. Nous ne nous tairons jamais. Parce que Boualem Sansal n’est pas seul. Parce qu’un géant n’est jamais seul.
Kamel Bencheikh
*Les contributions publiées n’engagent pas nécessairement la rédaction de Tazzuri. Elles reflètent l’opinion de leurs auteurs.