Avant toute chose, je veux dire à Said Djabelkhir, Amira Bouraoui et tous ceux qui ont subi, subissent ou subiront les décisions d’une justice instrumentalisée, qu’ils ont ma sympathie et ma solidarité agissante. Mais aussi à ces enseignantes de Bordj Badji Mokhtar et à toutes nos femmes qui subissent cet environnement dégradé engendré par l’islamisme et la régression sociale et encadré par un texte juridique misogyne (code de la famille) et une mentalité moyenâgeuse, qu’ils ont mon soutien total.
Au-delà des personnes, c’est l’Algérie progressiste entière qui a été touchée par ces condamnations injustes et par ces agressions inhumaines. Nous savons que la lutte contre l’obscurantisme sera longue, mais nous voulons que l’on puisse dire à nos enfants que l’on a mis fin : Nous devons déployer, pour cela, toutes nos énergies.
La violence exercée ces derniers vendredis nous interpelle, mais pire, elle tire la sonnette d’alarme sur un retard qui peut nous couter très cher. En effet, le pouvoir a profité de l’essoufflement de la mobilisation citoyenne pour revenir vers le langage avec lequel il s’exprime le mieux : La violence !
L’essoufflement était prévisible ! faute à qui ? Un mouvement insurrectionnel qui, durant plus de 2 ans de mobilisation citoyenne, n’arrive pas à se doter d’une feuille de route ou, au minimum, une charte commune, est voué à l’échec !
Il ne s’agit plus de redonner souffle à la révolution en comptant sur la mobilisation populaire mais de donner un sens au travail déjà effectué durant ces deux dernières années, en premier lieu, et par la suite, doter la révolution de mécanisme politique qui aspire à une transition démocratique.
Les partis politiques traditionnels, aussi simple que cela peut le paraitre, n’ont pas su (ni pu, d’ailleurs) se hisser à la hauteur des attentes des Algériens. Au contraire, ils se sont donnés en concurrence sur les plateaux d’El-Magharibia pour laver les islamistes de leurs crimes, chanter l’union avec les restes du FIS, et se remplir les poches entre deux passages à la Télé.
Il est très important aujourd’hui de faire le bilan mais surtout de se mettre au travail pour rassembler toutes les forces progressistes du pays pour garantir la réussite de notre révolution face au couple militaro-islamiste, et permettre à l’Algérie d’entamer une ère de démocratie, de citoyenneté, de progrès, de civisme et de pluralisme.
Aller vers la création d’un parti politique dans cette conjoncture peut, pour certains, être une folie qui relève de l’imaginaire, mais le besoin existe déjà, une révolution ne peut avancer sans une structuration et une entité politique qui servira de pivot et de repaire à la dynamique citoyenne. Le meilleur exemple pour illustrer cette vision, est la création du FLN en parallèle de l’ALN.
Notre responsabilité envers les générations prochaines est grande. Que reste-t-il après l’« élection » d’un chef d’État et une assemblée populaire sans aucun signe de démocrate ni d’une représentation féminine ? N’est-il pas un message à tous les démocrates qu’il est temps de se rassembler tous autour d’un même projet pour mettre en place un cadre de lutte autour de valeurs démocratiques qui seront la devise de l’Algérie de demain.
Il est important d’éveiller les consciences et dire à ceux qui se proclament modernistes que la modernité est tout d’abord sociale, politique, économique avant qu’elle soit des gadgets qu’on achète sur internet. La technologie n’est qu’une résultante d’un Etat et d’une société qui progressent dans tous les secteurs.
Cependant, toute initiative doit œuvrer pour aboutir à une transition démocratique dirigée par des hommes d’Etat afin d’instaurer une République Algérienne digne des attentes de la plateforme de la Soummam : Une Algérie Libre Démocratique, ni Militaire ni Théocratique.
SAIDANI Kassi