« La haine comme rivale », le tome 3 des mémoires du Dr SADI, continue à susciter intérêt. Après Jeanne FOUET*, qui, dans une note de lecture, minutieuse et critique, redonne aux lecteurs et/ ou futurs lecteurs toute la finesse et la force d’écriture de l’auteur et sa dimension humaine que son engagement politique n’a pas réussi à émousser, c’est autour de Jean Glavany, ancien dirigeant socialiste, de « rendre compte» de sa lecture de l’œuvre du Dr SADI.
En en effet, c’est sur les réseaux sociaux, que l’ancien collaborateur de François Mitterrand et ex-ministre de Jospin, désormais « gourmand lecteur» et observateur avisé du livre politique, partage la synthèse de sa dernière lecture.
Dans un texte posté sur sa page FB, Jean Glavany fait savoir à ses abonnés, qu’il a qu’il a lu « La haine comme rivale », le tome 3 qui concerne les années 1987-97, des mémoires de Saïd Sadi aux Éditions Altava…
L’ancien parlementaire reprend quelques éléments biographiques de l’auteur et son parcours de militant « Saïd Sadi, né en 1947, est un médecin psychiatre algérien, qui milite depuis longtemps pour sa langue et sa culture berbères et, au-delà, les droits de l’Homme et les grandes libertés démocratiques, ce qui lui a valu un certain nombre d’emprisonnements. En 1989, il avait créé le RCD, Rassemblement pour la culture et la démocratie, un parti qui se voulait social-démocrate et laïc. C’est à ce titre que nous nous sommes connus. Il a été aussi député et candidat à l’élection présidentielle de 1995 ( où il se classe troisième) puis celle de 2004 où son score est plus marginal avant de se retirer de la vie politique en 2012 et de se consacrer à un travail intellectuel de témoignage et de transmission. »
Jean Glavany semble séduit par la force de conviction du docteur Sadi et la passion qui anime ses combats :« Il raconte ici avec passion comment les deux grandes forces politiques algériennes, le militarisme et l’intégrisme religieux, qui pourtant se sont affrontées violemment, épouvantablement, dans la barbarie de la décennie noire, se retrouvent paradoxalement alliées pour combattre et marginaliser ce courant démocrate et laïc présenté comme le porte-avion de l’Occident et de ses valeurs. Car, à la fin de la décennie noire, les ennemis d’hier ont bâti une « sainte alliance » qui verrouille le débat politique qui ne peut plus être démocratique : à toi le pouvoir, à moi les mosquées. Empêchant, de fait, toute issue politique au mouvement de révolte populaire du Hirak il y a quelques années et privant la mouvance social-démocrate, réformiste et laïque, de tout espace politique, prise qu’elle est entre les deux pinces de l’étau… »
Grand défenseur de la loi 1905,J ean Glavany qui fut undes premiers à avoir débusqué le double langage de Tarik Ramadan, retient de sa lecture le constat fait par le Dr Sadi : la position de la gauche française quant à la question de l’islamisme algérien. « A cela, Saïd Sadi ajoute une certaine acrimonie à l’égard d’une bonne partie de la Gauche française ( dans sa dédicace amicale, il m’exonère gentiment de cette accusation…) qui, obsédée dit-il, par son « tiers-mondisme » naïf et aveugle, n’a pas voulu voir ni condamner l’émergence de l’islam radical et violent dans son pays. Saïd Sadi est un sage et un modéré. Courageux aussi. Et il faut l’être dans un pays écrasé par les religieux, d’une part, les militaires d’autre part ».
Jean Glavany , termine sa note par cette forme, à la fois d’aveu (plutôt pour ses camarade du PS) et de reconnaissance en affirmant : « Sa contribution mémorielle est utile pour mieux comprendre l’Algérie d’aujourd’hui » .
Kamel REBAÏ