Le samedi à Montréal, au Collège Ahuntsic, le dimanche à Gatineau, proche d’Ottawa, au Centre Communautaire Desjardins, il a présenté son premier roman devant un public venu nombreux malgré les conditions climatiques en ce début d’hiver.
Le titre du roman, Tiɣilt u madaɣ, La colline du maquis, est un choix qui n’est pas fortuit, loin du hasard, il exprime un relief et ses difficultés pour ses habitants comme la majorité des villages kabyles qui sont perchés sur des collines. Inévitablement, on doit penser à Mouloud Feraoun, Les chemins qui montent et Mouloud Mammeri pour La colline oubliée. Donc, Mouloud Zedek, lui aussi, marque son empreinte avec ce premier roman.
Pour la conférence de Montréal, Zedek Mouloud, répondant aux questions de Nacer Uqemmum et de Yasmine Adjou, a partagé ses impressions concernant l’écriture de son roman. Le passage du statut de musicien à celui d’écrivain ne lui a pas semblé particulièrement difficile, car il est habitué à écrire de la poésie pour la chanson. Cependant, il a également souligné que cette transition présente des défis, notamment les différences inhérentes à l’écriture d’un roman.
Cette expérience peut être une sorte de révélation pour lui, car il croit que l’acte d’écrire offre un moyen d’expression différent de celui du chant. Il voit cela comme une opportunité d’explorer de nouvelles formes d’expression artistique, bien que cela implique également des défis uniques.
Il confirme : « En voyant le nombre de personnes ici présentes, et aussi l’engouement de mon entourage immédiat, je sens que le public est content, mais j’aimerais qu’ils le lisent pour connaître leurs avis. »
Il voulait dire, avant de crier victoire, qu’il est peut-être sage d’attendre un peu. Cependant, plus tard dans la conférence, les premiers commentaires n’ont pas tardé à être exprimés par quelques privilégiés, et ils confirment que le récit romanesque est bel et bien accompli.
Connu à travers ses chansons pour son attachement à sa kabylité, pendant deux heures, il a captivé son auditoire en relatant avec beaucoup de suspense l’histoire intrigante d’un homme nommé Mokrane. Il l’a imaginée de manière à donner une chance au lecteur de découvrir une narration captivante, tout en transmettant un message à travers des passages et des événements liés à la société kabyle à différentes époques, des années 40 à l’an 2000, tout en abordant également les années 60, notamment la période du typhus. Mais essentiellement, le récit débute en 1962, le jour de l’indépendance de l’Algérie. Le père de Mokrane, dont il hérite du prénom, ancien maquisard, a repris les armes en 1963 contre les armées des frontières, qui avaient anéanti tout espoir de vivre libre.
Le destin de Mokrane est étroitement lié à la mort de son père pendant cette rébellion. Devenir orphelin avant même de naître, ce que l’on appelle en kabyle « aqcic awdiɛ », constitue, selon Zedek, une étape de la vie d’un individu qui laisse des traces psychologiques indéniables.
L’enfant d’Ath-Khelfoun a su captiver l’auditoire en poursuivant sa narration de la vie de Mokrane et de sa mère Chabha, qui a également souffert de l’absence du mari. Devenu adulte et le diplôme de vétérinaire en poche, Mokrane tombe amoureux de Gedjiga, une fille de son village. Cependant, la décennie noire intervient dans sa vie, le contraignant à servir sous les drapeaux et à vivre des moments difficiles pendant la lutte contre les terroristes. Une vie marquée par une errance constante et de multiples aventures.
Sans entrer dans les détails, cette étape de la vie de Mokrane lui offre une destinée difficile à vivre. Pour découvrir le reste de l’histoire du roman, il suffit d’avoir cette œuvre entre les mains pour mieux l’apprécier.
À souligner, le stock de livres prévu pour l’événement s’est rapidement épuisé, laissant de nombreux participants déçus de ne pas pouvoir se le procurer. Zedek Mouloud les a rassurés en leur promettant qu’ils pourront se le procurer dans les meilleurs délais. Vers la fin, une séance de dédicaces a été organisée dans le hall du collège.
Le lendemain, le dimanche, à Gatineau, l’événement s’est déroulé dans des conditions à peu près similaires à celles de Montréal. La salle dédiée à la conférence était bien remplie par un public de la région d’Ottawa venu l’écouter. L’enthousiasme, la curiosité et le désir de découvrir la nouvelle expérience d’un artiste ayant consacré tout un répertoire musical à la chanson kabyle étaient palpables.
L’événement est réussi grâce aux bénévoles à leur tête Ferhat Saidj et Ferid Cherifi assistés par les deux enfants de Zedek Mouloud, Azwaw et Guda.