Essai. « Le Hirak » par Ali Kaidi

Publié il y a plus d’un an en Algérie et au Québec, « Hirak : Un peuple sans organisation contre… » d’Ali Kaidi est une analyse académique essentielle. Ce livre offre un examen approfondi de la mobilisation populaire du 19 février 2019 contre le cinquième mandat de Bouteflika, un événement historique pour la société algérienne. Kaidi adopte une perspective scientifique, politique et, par moments, philosophique, appuyant ses analyses sur les contributions de philosophes, d’écrivains, de politiciens et de journalistes. Il explore le sujet en profondeur, se joignant aux manifestations dans les rues d’Alger pour mieux saisir les dynamiques à l’œuvre.

Le livre est structuré en cinq parties principales : l’émergence du Hirak et sa transition de la spontanéité individuelle à l’action collective, les dynamiques entre pacifisme et violence, la conceptualisation de la révolution, les défis liés à la représentativité et à l’autoritarisme, et l’évitement stratégique de l’idéologie par le mouvement. Dès le début, Kaidi clarifie le terme « Hirak », fournissant une vue d’ensemble claire de ce mouvement initié en février 2019. Il questionne : « Le Hirak a-t-il un Nous qui s’oppose à un Vous ? », mettant en lumière la manière dont le mouvement se définit et résiste collectivement aux tentatives de déstabilisation et de récupération, tout en interdisant la représentation individuelle.

Il observe un paradoxe : malgré l’établissement de directives pour orienter ses actions non spécifiées, le Hirak est porté par des individus souvent anonymes, sans affiliations politiques déclarées, ce qui introduit une certaine confusion. Kaidi commente : « On a plus à faire à des profanes qu’à des militants ». Ce paradoxe offre au système politique une opportunité de se maintenir, illustrant la complexité du mouvement entre aspiration au changement et risque de marginalisation.

Le Hirak est présenté non comme une révolution conventionnelle, mais comme une mobilisation populaire réactive, caractérisée par son absence d’organisation formelle. Kaidi souligne les distinctions entre les mobilisations de 2011 et celles de 2019, en particulier le choix du vendredi comme jour de manifestation, un choix stratégique éloigné des références islamistes traditionnelles.

Il critique les facteurs contribuant à l’échec du Hirak à réaliser ses ambitions, tels que le rejet de l’idéologie, le manque de débat et d’organisation. Cependant, il omet de discuter des tentatives d’organisation, comme celles de l’ALD, qui a réuni des milliers de signatures en soutien à la démocratie.

En conclusion, bien que perçu comme un échec, le Hirak, selon l’auteur, reste une manifestation significative de la volonté populaire, avec le potentiel d’inspirer l’avenir de l’Algérie.

Disponible en Algérie et sur Amazon, ce livre apporte une contribution précieuse à la compréhension des enjeux politiques et sociaux en Algérie.

M.M.

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